inévitable réconciliation. {pv}

Un après-midi comme les autres avait succédé à une matinée comme les autres. Amy avait relativement écouté ce que disaient les professeurs, avait beaucoup bavardé avec Ebony, avait pris son rôle de déléguée aussi au sérieux que d’habitude et était sortie de cours avec un empressement qui lui ressemblait de plus en plus. Traîner à l’intérieur lui donnait le blues : c’était désormais officiel. Aussi préférait-elle errer dans les rues, pour ne pas rentrer à la maison et devoir expliquer à Maria son absence de la veille, et de l’avant-veille, sans oublier celle qui avait eu lieu trois jours plus tôt. Oh, et puis elle lui offrirait quelque chose pour qu’elles se rabibochent ; cela n’avait vraiment aucune importance, au fond.

Dans les alentours de six heures et demie, Amy se promenait donc dans le quartier le plus proche du lycée, passant devant les magasins avec un mince sourire à chaque fois qu’elle voyait quelque chose lui plaisant. En temps normal, elle aurait dû appeler Ebony et aller faire les magasins avec elle jusque tard le soir, mais elle n’en avait pas envie, extraordinairement. Tiens, voilà un élément qui détonait sur tous les autres jours, n’est-ce pas ? En réalité, l’humeur maussade d’Amy était due à une simple chose : sa récente dispute avec Charlize et April. Cette dernière pouvait toujours crever pour qu’elles se reparlent (après ce qu’elles s’étaient lancées, cela était plutôt naturel), mais Charlize manquait véritablement à Amy, qui, en effet, avait toujours adoré sa bonne humeur, son élan naturel vers les gens, son oreille, son attention, etc.

Elle s’assit sur un banc, indécise, avant de jeter un coup d’œil autour d’elle. Des personnes passaient par là, beaucoup, même, bien que personne de sa connaissance : il y avait des couples, des familles, un enfant avec sa mère, des groupes d’amis, et ainsi de suite. Elle ne vit qu’une personne seule et se retrouva à la plaindre. Non, la solitude n’était pas quelque chose qui lui plaisait. Elle sortit son portable presque inconsciemment et composa un numéro sans vraiment le vouloir. Elle avait envie de la voir, et peu importe au final ce qu’elles s’étaient dit la dernière fois : la vérité était qu’Ethan était irrésistible et qu’Amy devrait être la première à comprendre le faible que Charlize avait pour lui. Cela n’empêcha pas son cœur de battre légèrement pendant les différentes sonneries, se demandant si elle ne faisait pas une erreur. Heureusement, Charlize répondit avant qu’elle ait eu le temps d’avoir des remords.

Charlize – Allô ?
Amy – Euh. Charlize, c’est moi. Ca te dirait de venir me retrouver au coin de Hubert et de Yale ?

Elle avait donné les deux noms de rue aperçus en plissant les yeux. Aucun mauvais coup, là-dedans, aucune idée de poser un lapin, aucune rechercher de vengeance : elle voulait tout simplement voir une amie à laquelle elle s’était attachée et qu’elle ne voulait pas perdre à cause du garçon qui l’avait abandonnée. Alors, oui, elle avait des principes, et elle considérait effectivement que Charlize avait été contre ces principes, mais au fond peu importait. Elle voulait simplement la retrouver.

Ses talons raisonnants sur la route pavée de Londres, Charlize avançait. Elle se trouvait dans le côté assez vieux et délabré de la grande ville qu’était Londres, ce côté était assez oublié par les touristes qui primaient la beauté de l’avenue des magasins de luxe, plus très loin à pied d’où elle était. Et, en fait, c’était là que se rendait la jolie blonde qui marchait d’un pas décidé de sa démarche fluide et rapide habituelle. Ni la colère, ni la haine s’emparaient de son doux visage, seul une détermination de fer la faisait aller entre Hubert et Yale… Une question torturait son esprit alors qu’elle marchait « Pourquoi Amy l’avait-elle rappelez ? ». Le problème de leur relation amical, c’est qu’elle n’existait plus vraiment. Alors pourquoi les deux très bonnes ne le sont plus du tout à présent, il faut revenir quelques temps en arrière, quelques jours après la belle rencontre entre Charlize et Ethan…

FLASH BACK

Notre jolie blonde courrait comme une folle dans toute la cours du Lycée, frôlant de peu les membres du cercle d’hôte, en profitant pour faire un petit coucou à Skyler et le fameux Ethan Wilson… Elle passa à côter des clientes, faisant un petit coucou à sa cousine adorée et ses amies dans ce groupe dont elle n’aimait pas vraiment la réputation mais dont elle adorait les membres, enfin, quelques-unes… La jolie blonde finie son tour de la cours en trouvant son amie Amy Carter, assise avec les autres Lobélia sous le grand saule pleureur qui était sûrement aussi vieux que l’établissement en lui-même. Elle courut vers le groupe et lorsqu’elle arriva, elle sourit aux autres filles et attrapa la main d’Amy pour l’emmener avec elle dans un endroit sûr où elle pourrait lui parler de ce qu’elle ressentait en se moment et qui lui faisait tout drôle car elle n’avait jamais vraiment ressentit ça pour quelqu’un. Elles s’assirent toutes les deux par terre et la jolie vida alors son sac :

- Je crois que je suis amoureuse d’Ethan ! Je sais pas pourquoi mais il a quelque chose qui fait que… quoi ?

- Je n’arrive pas à croire que tu me fasses ! C’est mon ex ! Et les copines sont pas sensées sortir avec les ex de leurs amies ! C’est bon, va te faire voir... Avait dit Amy avant de se lever et de partir toute seule.

FIN DU FLASH BACK

Vous comprenez sûrement maintenant que le passé à ressurgit de la mémoire flou de Charlize. La jolie blonde, ce jour là, avait pleuré toutes les larmes de son corps, bien callée dans son coin et n’avait pas voulu voir un seul de ses amis et avait donc séché toute son après-midi de cours pour rester dans sa chambre à faire une boite de mouchoirs, puis deux, puis dix ! Ce soir, la jolie reçus un appel d’Amy qui lui proposait de la rejoindre et la jolie blonde accepta non sens être sur la défensive. Elle avait enfilé un slim blanc, des bottes noires, un pull et sa veste en laine et était partie rejoindre son ancienne amie. Elle arriva rapidement à destination et aperçut Amy, assise sur un banc, Charlize s’approcha et s’assit à coté d’elle et lui dit levant un sourcil blond en signe d’interrogation :

- Alors… Pourquoi tu voulais me reparlez ? Je pensais que tu voulais que j’aille me faire voir, ce n’est pas la meilleure façon…

Le moins qu’on puisse dire était que la rupture entre les deux demoiselles avait été nette et surtout avec été violente. Amy ne nierait pas cela. En revanche, elle vous dirait sûrement qu’elle ne se souvenait plus trop de la raison de la dispute, avant de baisser les yeux et de vous avouer qu’il s’agissait d’un garçon, de son ex, en réalité : Ethan. Il était le sixième membre du club des hôtes, ils étaient sortis ensemble pendant cinq mois, il était, à ses yeux, encore, irrésistible. Elle n’était pas la seule à penser cela mais elle, au moins, avait eu le temps de développer de véritables sentiments pour lui puisque cinq mois de relations transforment un peu la vision qu’on a de quelqu’un. Elle aurait dû passer à autre chose. Hélas, cela était beaucoup moins simple que ça n’y semblait. Bien sûr. Elle grimaça. Pourquoi son cœur battait-il toujours quand elle pensait à lui ? Il ne devrait pas y avoir d’ambiguïté, il ne devrait plus y avoir d’ambiguïté. D’autant plus qu’ils ne s’étaient pas adressés la parole depuis le fameux moment de la rupture. Mais bon dieu de bordel, pourquoi ne passait-elle pas à autre chose ?

Des bruits de talons la sortirent de ses pensées. Bizaremment, elle se rendit compte qu’elle reconnaissait Charlize à son pas, bien que douze mille femmes marchent avec les mêmes chaussures dans la ville. Tout cela importait peu : il y avait un rythme, il y avait une présence, bref, elle l’avait reconnue. En voyant sa silhouette, si proche et s’approchant encore plus, ses cheveux blonds, ses yeux bleus, son expression un peu anxieuse – ainsi que mêlée de la curiosité qu’elle avait toujours envers tout – Amy ressentit deux émotions aussi fortes qu’opposées : il y eut d’abord un immense soulagement à retrouver enfin celle qui lui avait tant manqué (bien que la dispute ne datât que d’une semaine), mais également une immense inquiétude (qu’allait-elle lui dire maintenant qu’elle était là ?). Elle hésita à se lever pour lui faire la bise mais elle n’aimait pas les coutûmes de ce genre quand la situation ne s’y prêtait pas. Charlize dut le sentir car elle s’assit à côté d’elle, en silence, avant de poser l’inévitable question du pourquoi.

Charlize – Alors, pourquoi tu voulais me reparler ? Je pensais que tu voulais que j’aille me faire voir. Ce n’est pas la meilleure façon.

Son amie avait parfaitement raison. Amy sentit les souvenirs remonter et se souvint effectivement de lui avoir dit d’aller se faire voir ; mais en fait, ç’avait été sous le coup de l’émotion, en sentant qu’elle ne pourrait pas empêcher une relation qui déjà la blessait, en se disant que bientôt elle les verrait l’un au bras de l’autre, ensemble, souriants, s’embrassant, et peut-être même se moquant d’elle. Elle aurait dû être heureuse pour son amie mais ne le pouvait pas, tenant trop à son petit bonheur personnel. Heureusement, cette semaine de séparation lui avait fait prendre un peu de recul. L’amitié compte plus que l’amour, dit-on. Et on a bien raison.

Amy – Pourquoi je voulais te reparler ? Parce que tu m’as drôlement manquée, Charlize. Je suis désolée pour ce que je t’ai dit l’autre jour. Ca sonne bateau mais ça m’a vraiment foutu un sale coup, ce que tu m’as dit, et je n’ai pas trouvé d’autre moyen de réagir.

Il y eut un silence. Amy avait baissé la tête, regardant les rainures dans le trottoir grisâtre, semblable à celui de toutes les villes et notamment de toutes les capitales. Son regard resta assez longuement là avant qu’elle ne relève la tête, tournant les yeux vers l’amie qui était désormais, à nouveau, heureusement, près d’elle. S’en faire une ennemie avait été la pire erreur de son début de mois de décembre. Pas de risques qu’elle persévère de ce côté-là.

Amy – En fait, je devrais être celle te comprenant le mieux. Ethan est vraiment un garçon formidable et j’espère que – j’espère que tu réussiras à être heureuse avec lui. Parce que tu le mérites, Charlize, contrairement à ce que tu sembles croire.

Elle ne put s’empêcher de laisser un petit sourire apparaître sur ses lèvres (mieux vaut sourire que pleurer, peut-on dire). Elle entoura son amie de ses bras, sans pouvoir s’en empêcher, sentant, sans vraiment savoir pourquoi, que ce câlin rétablirait bien des choses. Et d’abord, avant tout, l’amitié qu’elles avaient noué depuis l’année précédente. Elle aurait pu lui faire encore plus de remontrances, elle aurait pu lui dire ses quatre vérités, mais en réalité, elle n’en ressentait ni l’envie ni le besoin. Je dirais même plus : désormais, elle était prête à écouter tout ce que Charlize aurait à dire sur Ethan, parce que, grâce à la révélation de la semaine précédente, Amy apprenait un peu plus, chaque jour, à s’en détacher. En quelque sorte, Charlize, sans le faire exprès, lui avait montré que la vie continuait et que lui allait continuer à exister, même sans elle. Il fallait donc qu’elle fasse de même. Et ne vous inquiétez pas : elle va s’y mettre. Mais pas seul, avec Charlize.

- Euh… Faudrait déjà que je lui dise que je l’aime, qu’il ait les mêmes sentiments que moi et alors là, j’aurais une chance de me retrouver dans ses bras, mais là, c’est pas vraiment le cas. Alors sinon, ça va ? Je tiens aussi à te dire que j’ai dix boites de mouchoirs qui sont passés à cause de cette dispute alors tu vas me rembourser !

Amy sentait bien que Charlize était sur la défensive. Je peux tout de suite vous dire que cela l’angoissait. Elle n’était pas attristée, non, elle avait simplement peur – et les battements de son cœur peuvent vous le prouver – que son amie ne lui pardonne pas ce moment où elle lui avait dit d’aller se faire foutre. En réalité, l’adolescente avait observé son interlocutrice pendant la semaine de séparation et elle avait vu qu’elle n’était pas systématiquement dans son assiette, elle qui pourtant avait l’habitude de sourire tout le temps, et à de nombreuses reprises, elle avait ressenti l’envie de traverser le couloir, de la prendre dans ses bras, et de lui dire que tout cela vait bien peu d’importance, finalement. Oui, la vérité était qu’elle aurait pu s’excuser bien plus tôt, mais qu’à chaque fois, quelque chose la bloquait. Parmi ces choses, il y avait la possibilité que Charlize la repousse, d’une devant tout le monde, de deux irrémédiablement. Car si tel avait été le cas, leur amitié aurait été complètement finie.

Pourquoi appeler la demoiselle s’était révélé plus facile ? Parce que c’était une manière de voir s’il y avait une chance de réconciliation, une manière indirecte en quelque sorte : si Charlize venait, c’est qu’elle souhaitait, aussi, quelque part, qu’elles enterrent la hache de guerre ; si elle ne venait pas, au contraire, le message serait au moins aussi clair, sinon plus. Amy fit une grimace à la seule pensée de cette éventualité et ressentit avec encore plus de bonheur la présence de son amie à ses côtés. Ce qu’elle apprécia surtout, ce fut quand celle-ci abandonna enfin son silence. Dieu soit loué, pensa-t-elle.

Charlize – Euh. Faudrait déjà que je lui dise que je l’aime, qu’il ait les mêmes sentiments que moi et alors là, j’aurais une chance de me retrouver dans ses bras, mais là, c’est pas vraiment le cas.
Amy – Je sais. Je veux dire, j’ai lu le journal, et si vous étiez ensemble, ç’aurait certainement été à la une. C’était un moyen indirect de savoir comment t’allais, un moyen un peu stupide, c’est vrai.

L’adolescente avouait avec une facilité déconcertante ses fautes. Pourquoi ? Parce qu’elle sentait que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire, parce qu’elle savait qu’une des choses que Charlize appréciait le plus, c’était la sincérité, et parce qu’elle savait que c’était cette même sincérité qui allait les rendre encore plus proches que jamais. Charlize lui avait confié ses sentiments pour un garçon, et tout ce qu’Amy à faire, c’était omettre le fait que ce garçon était Ethan. Et si elle faisait cela, tout serait joyeusement réglé. Un petit sourire vint sur ses lèvres : ça n’était pas gagné.

Charlize – Alors, sinon, ça va ?
Amy – Plus ou moins. Tu as dû entendre parler de ma dispute avec April. Mais d’un autre côté, un bon ami vient d’arriver tout droit de New York. Ah, tu en as peut-être déjà entendu parler, d’ailleurs (étant donné que tu es le reporter le plus doué que je connaisse) : Devan Avery. Ca te dit quelque chose ?

Le silence qui suivit cette question fut interrompu par la réponse et puis il y eut une nouvelle intervention de Charlize, intervention cloturant bien évidemment leur discussion sur la dispute qu’elles avaient eu et sur les excuses qu’Amy avait présenté à Charlize – alors que peut-être le schéma aurait dû être inverse, mais peu importe, la demoiselle n’était pas orgueilleuse et était plus ou moins prête à tout pour récupérer l’amie qu’elle avait déjà cotoyé pendant plus d’un an.

Charlize – Je tiens aussi à te dire que j’ai dix boîtes de mouchoir qui sont passés à cause de cette dispute, alors tu vas me rembourser !

Incroyable. Amy éclata de rire, avant de faire mine de sortir son portefeuille. A l’intérieur, et Charlize le savait pertinemment, il y avait un nombre de billets verts difficilement trouvable chez n’importe quelle personne foulant non pas cette avenue mais les rues courantes de Londres. En l’occurrence, Amy n’était pas n’importe qui, puisque ses parents lui donnaient un statut plus prestigieux. Mais elle rangea bien vite ce portefeuille (je le répète : elle n’est pas orgueilleuse, et surtout pas à ce niveau là !). Elle eut un léger soupir et releva les yeux vers Charlize.

Amy – Je suis désolée, ma Charlize. Mais dis-moi plutôt : quoi de neuf de ton côté ?

- Ouais, je le connais, il est très sympa et drôle…

Amy éclata de rire fasse à la remarque de Charlize sur ses dix boites de mouchoirs et fit même mine de prendre son portefeuille pour lui donner une liasse de billets. Elle rangea bien son portefeuille. Elle demanda alors comment la jolie blonde allait et Charlize sourit tout en répondant :

- Bah, très bien ! J’ai une folle envie de shopping maintenant qu’on va mieux et j’ai déjà repéré une paire de chaussures dans une boutique avant d’arriver et tu sais bien que j’adore les chaussures ! Si on allait faire du shopping entre filles ?